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La psychologie sociale est au croisement de la psychologie, de la sociologie, de l’anthropologie culturelle, des recherches en communication, et d’un volet socio-économique et historique. Évolution de la psychologie sociale cliniqueLa psychologie sociale clinique[1] a pratiquement disparu de l’enseignement et de la recherche, du moins telle que je la comprends, au carrefour et au confluent de la psychologie clinique, sociologie, anthropologie culturelle et aux théories de la communication verbale et non verbale .. et des recherches dans ce domaine …. Cela me paraît tragique. Je n’ai pas été remplacée dans ma chaire de psychologie sociale clinique, à Nice. Max Pages n’a pas été remplacé dans la sienne. Jean Stoetzel n’a pas été remplacé dans la sienne, ni Durandin. On pourrait en citer beaucoup d’autres. Et les congrès de communication non verbale ont disparu avec l’enseignement de cette science et les crédits de recherche, (mais par contre la vulgarisation non scientifique du n’importe quoi fleurit dans ces domaines ). On est en train d’étrangler cette science qui était la seule chose réellement utile, c’est-à-dire de comprendre le maillage social, l’interaction sociale et les petits groupes, les liens familiaux comme les petits groupes de travail et l’esprit d’atelier ou d’entreprise, la compréhension de ce qu’est vraiment la résistance au changement, la dissonance cognitive qui affecte même toute perception autre que celle des choix pré-determinés, de l’équilibre quasi-stationnaire et des conditions d’un vrai changement durable … Et on ne peut le comprendre qu’à partir de ce qu’était la psychologie sociale à l’origine, de ce que Theodore Newcomb avait obtenu en Amérique [2] et Jean Stoetzel en France, c’est-à-dire que la psychologie sociale s’inscrive au confluent de l’anthropologie, de l’économie, de la psychologie et de la sociologie, et qu’on pouvait en France - et c’était mon cas et celui de Stoetzel et d’autres - on était inscrits à deux CCU, le CCU de psychologie et le CCU de sociologie, on pouvait choisir de faire carrière en sociologie ou en psychologie. On avait la double formation. C’était une formation interdisciplinaire, entre la psychologie, la sociologie et l’anthropologie, un doctorat commun aux trois. Aux Etats Unis, il y a quelques années, on a supprimé les crédits des recherches sur la communication non verbale, la recherche-action, et la psychologie sociale. Et on est en train de le supprimer en France. Et on le supprime aussi par des effets de mode. Les syndicats pédagogiques ont toujours été opposés à la psychologie sociale et clinique. Et maintenant, il reste essentiellement la sociologie ou la psychanalyse, mais il n’y a quasi plus de psychologie sociale. Or je crois que c’est la seule chose qui est utile en thérapie familiale, en pédagogie, en médecine, en économie même, et qu’on n’arrivera pas à résoudre les problèmes qui se posent au monde à l’heure actuelle sans cette connaissance interdisciplinaire. Je pense que l’étroitesse d’esprit, l’esprit de clocher, et les préjugés professionnels d’un certain nombre d’universitaires et de syndicalistes, sont en train de tuer la possibilité de ce qui était la recherche-action, c’est-à-dire de faire la recherche et de l’enseignement utile aux gens qui vivent. Je trouve donc ça une tragédie. Évolution du Psychodrame et de la psychologie socialeLe psychodrame me pose maintenant un problème diplomatique et international. Il se développe à l’heure actuelle deux courants fort différents de psychodrames. Il se développe un psychodrame à la Moreno, qui récuse la psychanalyse, et un psychodrame psychanalytique qui récuse Moreno. Je le regrette profondément parce que je pense que pour bien comprendre les choses, il faut inclure et joindre psyché et soma, le psychodrame et l’expression des sentiments par le corps, l’histoire familiale et l’histoire de l’inconscient, et ne pas oublier le transfert, le contre-transfert ni l’inconscient. Donc je regrette ces séparations de points de vue et cette ignorance réciproque. Et dans le travail que je fais, ce que je souhaite développer, il n’y a pas que le psychodrame, c’est beaucoup le transgénérationnel, l’inscription de son histoire personnelle, affective, sociale et professionnelle dans une histoire familiale, historique et culturelle, sur un minimum de deux ou trois siècles, c’est à dire en remontant au minimum en Europe à la Révolution (1789-1793) et en Amérique à l’époque de Franklin et de Lafayette. Ce que je regrette profondément, c’est que ce qui me paraît le plus fondamental (c’est-à-dire la psychologie sociale clinique) est en train d’être étranglée partout, en Amérique et en France, par des gens qui ne voient pas plus loin que leurs préjugés théoriques et de défense professionnelle, et qui développent des pistes qui ne fournissent pas de travail aux gens et ne les aident pas à vivre leur vie. Il me paraît important et même fondamental de voir les choses dans leur contexte historique autant que familial, de savoir par exemple que l’appel de de Gaulle le 18 juin 1940, c’est en même temps une revanche sur Waterloo (aussi un 18 juin) et de voir que les longues guerre franco allemande sont probablement issues du partage difficile de Charlemagne et ses trois fils (Lothaire, celui du milieu, s’en étant mal tiré). Nous n’avons toujours pas réglé les problèmes d’autrefois du Kosovo (28 juin 1389) et les problèmes entre l’orient et l’occident, la Croix et le Croissant. L’histoire se répète, et aussi les conflits non réglés de génération en génération pendant des siècles (cf. : Aïe mes aïeux !). [1] Nous parlons de « psychologie sociale clinique » en soi, ensemble- et non pas de psychologie clinique et pathologique, ce qui est une toute autre science – c’est la « psycho sociale clinique » faisant un tout propre et une science fort utile, qui a fleurit entre 1960 et 1980 aux Etats Unis et aussi en France, avec certains d’entre nous , qui se sont aussi retrouvés autour de Boris Cyrulnik, section d’éthologie humaine, avec Hubert Montagnier, Jean Cosnier,, Anne Ancelin Schutzenberger et d’autres … .Vincent de Gauléjac, dans sa sociologie clinique, essaye d’ouvrir une voie un peu dans cette direction, mais il y manque Kurt Lewin, et Freud et l’expérience clinique des soins …
[2] je ne me rappelle pus quel président des Etats Unis a supprimé les crédits de recherches sur la communication non verbale et l’expression, tant en psychologie sociale qu’en linguistique, dans les années 1970-80. On différenciait et on comparait l’expression des sentiments, le « langage du corps » dans la lumière et dans l’obscurité, la communication verbale et non verbale -- cf travaux du groupe dit de Palo Alto (1956 et les vingt années suivantes)- et du groupe EPE (Eastern PENNSYLVANIA institute ), Pittsburg, et de certains hôpitaux de la zone de New York (travaux de Schefflen , Birdswhistell, etc) |